St. John Lucas, comp. (1879–1934). The Oxford Book of French Verse. 1920.
Eustache Deschamps 13401410
7. Balade
O
Arbre, esglantier, tant ait douceur en lui,
Beauté, bonté, ne chose tant parfaitte,
Homme, femme, tant soit blanc ne poli,
Crespe ne blont, fort, appert ne joli,
Saige ne foul, que Nature ait formé,
Qui a son temps ne soit viel et usé,
Et que la mort a sa fin ne le chace,
Et, se viel est, qu’il ne soit diffamé:
Viellesce est fin et jeunesce est en grace.
Aux odorans, non pas jour et demi;
En un moment vient li vens qui la guette;
Cheoir la fait ou la couppe par mi.
Arbres et gens passent leur temps ainsi:
Riens estable n’a Nature ordonné,
Tout doit mourir ce qui a esté né;
Un povre acés de fievre l’omme efface,
Ou aage viel, qui est determiné:
Viellesce est fin et jeunesce est en grace.
Si grant dangier de s’amour a ami,
C’est grant folour. Que n’avons nous mercy
L’un de l’autre? Quant tout sera pourry,
Ceuls qui n’aiment et ceuls qui ont amé,
L’y refusant, seront chetif clamé,
Et li donnant aront vermeille face,
Et si seront au monde renommé:
Viellesce est fin et jeunesce est en grace.
Prince, chascun doit en son josne aé
Prandre le temps qui lui est destiné.
En l’aage viel tout le contraire face:
Ainsis ara les deux temps en chierté.
Ne face nul de s’amour grant fierté:
Veillesce est fin et jeunesce est en grace.