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St. John Lucas, comp. (1879–1934). The Oxford Book of French Verse. 1920.

Charles-Augustin Sainte-Beuve 1804–†1869

257. Sonnets

i

J’ÉTAIS un arbre en fleur où chantait ma Jeunesse,

Jeunesse, oiseau charmant, mais trop vite envolé,

Et même, avant de fuir du bel arbre effeuillé,

Il avait tant chanté qu’il se plaignait sans cesse.

Mais sa plainte était douce, et telle en sa tristesse

Qu’à défaut de témoins et de groupe assemblé,

Le buisson attentif avec l’écho troublé

Et le cœur du vieux chêne en pleuraient de tendresse.

Tout se tait, tout est mort! L’arbre, veuf de chansons,

Étend ses rameaux nus sous les mornes saisons;

Quelque craquement sourd s’entend par intervalle;

Debout il se dévore, il se ride, il attend,

Jusqu’à l’heure où viendra la Corneille fatale

Pour le suprême hiver chanter le dernier chant.