St. John Lucas, comp. (1879–1934). The Oxford Book of French Verse. 1920.
François de Malherbe 15551628
125. Consolation à M. du Périer
T
Et les tristes discours
Que te met en l’esprit l’amitié paternelle
L’augmenteront toujours?
Par un commun trépas,
Est-ce quelque dédale, où ta raison perdue
Ne se retrouve pas?
Et n’ai pas entrepris,
Injurieux ami, de soulager ta peine
Avecque son mépris.
Ont le pire destin;
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,
L’espace d’un matin.
Elle auroit obtenu
D’avoir en cheveux blancs terminé sa carrière,
Qu’en fût-il advenu?
Elle eût eu plus d’accueil?
Ou qu’elle eût moins senti la poussière funeste
Et les vers du cercueil?
Ôte l’âme du corps,
L’âge s’évanouit au deçà de la barque,
Et ne suit point les morts.
Et Pluton aujourd’hui,
Sans égard du passé, les mérites égale
D’Archémore et de lui.
Mais, sage à l’avenir,
Aime une ombre comme ombre, et des cendres éteintes
Éteins le souvenir.
Que le cœur affligé,
Par le canal des yeux vidant son amertume,
Cherche d’être allégé.
Ce que nature a joint,
Celui qui ne s’émeut a l’âme d’un barbare,
Ou n’en a du tout point.
Enfermer un ennui,
N’est-ce pas se haïr pour acquérir la gloire
De bien aimer autrui?
Dénué de support
Et hors de tout espoir du salut de sa ville,
Reçut du réconfort.
Lui vola son dauphin,
Sembla d’un si grand coup devoir jeter des larmes
Qui n’eussent point de fin.
Contre fortune instruit,
Fit qu’à ses ennemis d’un acte si perfide
La honte fut le fruit.
De bataillons épais,
Entendant sa constance, eut peur de sa furie,
Et demanda la paix.
Je me suis vu perclus,
Et deux fois la raison m’a si bien fait résoudre
Qu’il ne m’en souvient plus.
Ce qui me fut si cher;
Mais en un accident qui n’a point de remède
Il n’en faut point chercher.
On a beau la prier,
La cruelle qu’elle est se bouche les oreilles
Et nous laisse crier.
Est sujet à ses lois;
Et la garde qui veille aux barrières du Louvre
N’en défend point nos rois.
Il est mal à propos;
Vouloir ce que Dieu veut est la seule science
Qui nous met en repos.