St. John Lucas, comp. (1879–1934). The Oxford Book of French Verse. 1920.
Remi Belleau 15281577
101. Avril
Et des mois:
Avril, la douce espérance
Des fruicts qui sous le coton
Du bouton
Nourissent leur jeune enfance.
Jaunes, pers,
Qui d’une humeur bigarrée
Emaillent de mille fleurs
De couleurs,
Leur parure diaprée.
Des Zéphyrs,
Qui sous le vent de leur ælle
Dressent encor és forests
Des doux rets,
Pour ravir Flore la belle.
Qui du sein
De la nature desserre
Une moisson de senteurs,
Et de fleurs,
Embasmant I’Air et la Terre.
Florissant
Sur les tresses blondelettes
De ma Dame et de son sein,
Tousjours plein
De mille et mille fleurettes.
De Cypris,
Le flair et la douce haleine:
Avril, le parfum des Dieux,
Qui des cieux
Sentent l’odeur de la plaine.
Qui d’exil
Retires ces passagéres,
Ces arondelles qui vont,
Et qui sont
Du printemps les messagéres.
Et le thym,
L’œillet, le lis et les roses
En ceste belle saison,
A foison,
Monstrent leurs robes écloses.
Doucelet,
Découpe dessous l’ombrage
Mille fredons babillars,
Frétillars,
Au doux chant de son ramage.
Que l’amour
Souffle à doucettes haleines,
Un feu croupi et couvert,
Que l’hyver
Receloit dedans nos veines.
L’essaim beau
De ces pillardes avettes
Volleter de fleur en fleur,
Pour l’odeur
Qu’ils mussent en leurs cuissettes.
Ses fruicts meurs,
Et sa feconde rosée,
La manne et le sucre doux,
Le miel roux,
Dont sa grace est arrosée.
A ce mois,
Qui prend le surnom de celle
Qui de l’escumeuse mer
Veit germer
Sa naissance maternelle.