Henry Wadsworth Longfellow (1807–1882). Complete Poetical Works. 1893.
Flower-de-LuceNoël
Q
Brillaient, palpitaient au ciel,
Six gaillards, et chacun ivre,
Chantaient gaîment dans le givre,
“Bons amis,
Allons done chez Agassiz!”
D’Outre-Mer adroits et fins,
Se donnant des airs de prêtre,
A l’envi se vantaient d’être
“Bons amis
De Jean Rudolphe Agassiz!”
Sans reproche et sans pudeur,
Dans son patois de Bourgogne,
Bredouillait comme un ivrogne,
“Bons amis,
J’ai dansé chez Agassiz!”
Bon Français, point New-Yorquois,
Mais des environs d’Avize,
Fredonne à mainte reprise,
“Bons amis,
J’ai chanté chez Agassiz!”
Hidalgo, mais non mousseux;
Dans le temps de Charlemagne
Fut son père Grand d’Espagne!
“Bons amis,
J’ai diné chez Agassiz!”
Gascon, s’il en fut jamais,
Parfumé de poésie
Riait, chantait, plein de vie,
“Bons amis,
J’ai soupé chez Agassiz!”
Bras dessus et bras dessous,
Mine altière et couleur terne,
Vint le Sire de Sauterne;
“Bons amis,
J’ai couché chez Agassiz!”
Etait un pauvre Chartreux,
Qui disait, d’un ton robuste,
“Bénédictions sur le Juste!
Bons amis,
Bénissons Père Agassiz!”
Montent l’escalier de bois
Clopin-clopant! quel gendarme
Peut permettre ce vacarme,
Bons amis,
À la porte d’Agassiz!
Ouvrez vite et n’ayez peur;
Ouvrez, ouvrez, car nous sommes
Gens de bien et gentilshommes,
Bons amis
De la famille Agassiz!”
C’en est trop de vos glouglous;
Epargnez aux Philosophes
Vos abominables strophes!
Bons amis,
Respectez mon Agassiz!